La BD 419, African Mafia narre l'histoire de Mino, un jeune musicien de la banlieue lyonnaise, tombant amoureux de Grace, une nigérienne contrainte de se prostituer pour payer son arrivée en France et celle de sa petite soeur. Pris dans l'engrenage de l'argent, l'un et l'autre sombreront doucement sur fond de grand banditisme africain.
Initialement très enthousiasmé à l'idée d'un polar "local" mettant en scène une mafia rarement traitée en polar, j'ai cependant assez vite déchanté. Le récit est lent à démarrer, puis s'emballe subitement dans son dernier tiers sans que l'on comprenne bien pourquoi. Un découpage en deux tomes ou un one-shot plus volumineux aurait sans doute été plus approprié pour approfondir une histoire proposant par ailleurs nombre d'éléments intéressants.
Le plus désagréable au final aura été l'impression de péché d'orgueil d'un scénariste tentant maladroitement de se mettre en scène en tant que héros idéalisé. Peu crédible du fait d'un comportement incohérent oscillant entre le jeune banlieusard au grand coeur plein de moral et le redoutable trafiquant prêt à tout, détestable lorsqu'il plaque femme et enfants en deux cases et demies sans explications ni moindre remord... J'aurais bien foutu deux ou trois claques au personnage de Mino et à l'ego qui se trouve derrière. Surtout lorsqu'il auto-cite ses propres compositions musicales dans une promotion malhabile... Autant l'idée d'offrir un .mp3 accompagnant la BD me plaisait, autant tout cela m'a passé toute envie de m'intéresser aux productions musicales de Loulou Dédola. Gageons qu'il ne s'agit là que d'un malheureux pêché de jeunnesse.
A côté de cela, rien à reprocher au dessin de Lelio Bonaccorso, agréable et servant bien la modernité du propos autant que le côté sombre du genre.
En bref, une BD avec un thème intéressant et du potentiel, désservie par un traitement pas à la hauteur et les maladresses de son auteur. Cela reste une lecture intéressante que je me plairait à retrouver dans une version plus approfondie. Peut être avec son adaptation au cinéma ? Je ne suis pas convaincu mais pourquoi pas !